Gestion culturelle
La gestion culturelle recouvre la totalité des savoirs et des pratiques de gestion dans les domaines des arts et de la culture.

Catégories :
Économie de la culture - Politique culturelle - Grande école - Gestion des ressources humaines
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- public. Professionnel et gestionnaire du secteur culturel (danse, théâtre, musique, cinéma, musée, galerie, centre culturel, festival), des services... (source : gestionculturelle)
- " Gestion culturelle de l\'espace public " : intervention dans le cadre de l\'initiative "Bruxelles Ca. (source : slideshare)
- une formation en gestion culturelle. Pour cette septième session, ... Fondations et associations à but culturel des secteurs publics et privés... (source : unige)
La gestion culturelle recouvre la totalité des savoirs et des pratiques de gestion dans les domaines des arts et de la culture.
Comme science, la gestion renvoie elle-même à un corpus de théories, de connaissances et de méthodes empruntées à l'économie, aux sciences humaines et sociales, au marketing, à la science administrative, à la finance, etc. La spécificité de la gestion du "culturel" au sens le plus large renvoie à la spécificité d'un champ (ou d'un dispositif d'activités) et de produits (matériels et immatériels) mais aussi de services "qui ne sont pas des marchandises ou des services comme les autres" (UNESCO).
Un champ d'activités différencié
Trois sous-systèmes doivent être distingués pour comprendre, d'une part, les mécanismes de fonctionnement de l'offre et de la demande et , d'autre part, les organisations qui rendent des offres disponibles sur les marchés culturels :
- le sous-système des arts, du spectacle vivant et du patrimoine culturel. Il est caractérisé par une économie du prototype et par une communication "en présentiel", dans le sens où celle-ci nécessite la présence simultanée d'un émetteur (par exemple un groupe de musiciens jouant sur scène) et d'un récepteur (le public de cette même salle de spectacle) ;
- le sous-système des industries culturelles (surtout le livre, la presse, le cinéma, la musique enregistrée). Il est , d'une part, régi par la loi dite des économies d'échelle (baisse des coûts unitaires quand augmentent les quantités produites) et , d'autre part, il est libéré de la contrainte d'espace/temps : le groupe de musiciens de l'exemple précédent aura enregistré sa musique que les auditeurs peuvent écouter sur un support, par exemple chez eux ou dans leur voiture, etc. Musiciens et auditeurs n'ont plus l'obligation d'être présents simultanément pour qu'il y ait communication de cette musique. Pour qu'il y ait cette communication entre un émetteur et un récepteur autour d'un contenu, un intermédiaire doit cependant mettre en œuvre une technologie bien plus élaborée que dans le sous-système caractérisé par le présentiel, ;
- le secteur des médias audiovisuels et du média Internet : il est caractérisé par la loi des économies d'échelle (taille des bassins de diffusion), alors que l'immatérialité des ondes ou du web libère l'échange de la contrainte de la distribution physique des produits industriels. L'intermédiaire doit pouvoir s'appuyer ici encore sur une technologie donnant la possibilité de la communication de masse. Certes, pendant plusieurs décennies, les médias audiovisuels ont fonctionné avec des proportions importantes de "direct" dans leurs programmes, nécessitant la présence simultanée des émetteurs des contenus des messages et des récepteurs (auditoires). Depuis les années 1970 se sont progressivement développés les programmes reprenant en boucle les mêmes contenus stockés (les chaînes de télévision thématiques par exemple)
La différenciation des modèles de gestion (publique ou privée)
En partant de cette différenciation en 3 sous-systèmes - présentiel, industries culturelles -que cet auteur nomme "le sous-système éditorial", et médiatique - on peut facilement observer que cette différenciation trouve son pendant dans les modèles de gestion présents dans le secteur de la culture.
Dans le présentiel, c'est la prépondérance de la gestion publique ou de sa logique. Dans des pays comme la France, l'Allemagne, l'Italie ou encore la Belgique et l'Espagne, cette prépondérance se traduit surtout par la proportion élevée d'institutions culturelles nationales, régionales ou locales, gérées en régies, établissements publics ou assimilés) ou qui ont un statut d'organisations non lucratives privées (associations), mais restent fortement dépendantes des pouvoirs publics. C'est le cas de la majorité des grands orchestres, des opéras, des grands théâtres ou encore des grands festivals tout comme des institutions chargées de l'enseignement artistique. A l'inverse, des pays comme les États-Unis d'Amérique, l'Australie, le Canada ou encore les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume Uni, se définissent quant à eux par une proportion plus élevée, ou alors particulièrement forte, d'organisations et d'institutions culturelles autonomes des pouvoirs publics et gérées dans une logique privée non lucrative. En tout cas, la gestion privée commerciale reste peu développée sauf dans certaines activités comme par exemple les variétés internationales pop et rock (par exemple une grande tournée internationale d'une rock-star).
Le sous-système éditorial (industries culturelles) présente, quant à lui, une certaine homogénéité de modèle économique avec des marchés, le plus souvent caractérisés par des oligopoles à frange, où s'affrontent des entreprises privées. La gestion publique y est marginale mais, dans énormément de pays, la question du soutien public aux entreprises privées commerciales offrant des biens culturels éditoriaux est posée, surtout pour les entreprises de production audiovisuelle et cinématographique.
Le sous-système médiatique, lié à la diffusion audiovisuelle et par internet, se définit par une très forte évolution depuis les années 1990. D'un côté, le secteur des médias audiovisuels publics, présentant un modèle de gestion croisant le financement par la redevance et les ressources tirées de la publicité et du parrainage. Ce modèle de gestion est présent dans la quasi-totalité des pays européens (à l'exception de l'Espagne où il n'existe pas de redevance) avec des organismes publics ou para-publics aux formes juridiques les plus variées. De l'autre côté, un secteur composé de médias audiovisuels privés qui se finance essentiellement par la publicité et de plus en plus par des services complémentaires et des produits dérivés. C'est aussi dans ce second modèle de gestion que se situent les entreprises liées au médium Internet.
L'enseignement de la gestion dans le secteur de la culture
L'enseignement de la gestion du culturel a en premier lieu été introduite dans les universités américaines, du fait de l'importance qu'a pris dans ce pays, dans le sous-système des arts, du spectacle vivant et du patrimoine culturel, la gestion privée d'organisations productives de biens et services, d'une part à but non lucratif (non-profit making system) et d'autre part, totalement autonomes des pouvoirs publics. Ces organisations bénéficient certes de financements publics, mais de façon particulièrement marginale. Elles sont en particulier soutenues par des donateurs individuels et par le mécénat et le sponsoring des entreprises. Leur marketing opérationnel doit donc s'appuyer sur des stratégies de recherche de partenariats avec des donateurs, des mécènes et des sponsors mais aussi de développement de services annexes à leurs offres artistiques et culturelles centrales (événementiel, restaurant, location d'espaces, etc. ) mais aussi de produits dérivés.
En France, la formation à la gestion culturelle a commencé à se développer à partir de 1982. L'impulsion a été donnée par Jack Lang, alors ministre de la Culture et de la Communication, avec les premières orientations sur la relation économie et culture et le concept d'entreprise culturelle. Il n'est pas rare désormais de voir dans les grandes écoles de gestion françaises des programmes de spécialisation ("mineure" ou "majeure" en 2ème et 3ème année) à HEC (Ecole des Hautes études commerciales), à Toulouse Business School (ESC Toulouse) et au Groupe ESC Dijon Bourgogne.
Le cadre de la gestion culturelle intègre des approches de plus en plus différenciées parce que la problématique porte soit sur des métiers spécifiques (la musique, le patrimoine, le tourisme culturel, etc. ), soit sur des contextes spécifiques (par exemple les collectivités territoriales ou la coopération culturelle internationale), soit toujours sur des cadres d'action (la gestion de projets, les organisations culturelles, etc. ). Il n'est pas surprenant dans ces conditions de voir toute cette diversité d'approches et de spécialisations dans l'offre de formation des universités surtout au niveau de diplôme Master 2 (Paris IV en Administration et gestion de la musique, Paris VIII-Saint Denis, IEP de Lyon, L'Observatoire des Politiques culturelles de Grenoble). Les ressources en expertise, en enseignants et en documentation sont de plus en plus conséquentes et ceci non seulement en France mais dans toute l'Europe où la dynamique culturelle (d'après un rapport EUROSTAT de 2006 le secteur de la culture représente à peu près 4% des emplois) est accompagnée d'une dynamique de la formation aux métiers de la culture et surtout ceux liés à la gestion culturelle.
Fondé en 1992 sous l'égide du Conseil de l'Europe, le réseau européen ENCATC (European Network of Cultural Administration Training Centres) regroupe à peu près 140 membres, universités, écoles de gestion et autres organismes de formation diplômante en Europe.
Voir aussi
Liens externes
- Mastère spécialisé en management des entreprises culturelles de l'ESC Dijon
- [1] ENCATC (European Network of Cultural Administration Training Centers
Bibliographie
- Françoise Benhamou, L'économie du star dispositif, Odile Jacob, 2001.
- Mario d'Angelo, "La musique au diapason de la gestion", Musicologies, n° 2, OMF, Université Paris-Sorbonne, 2005, p. 5-21.
- Mario d'Angelo, " The Governance of Classical Music Institutions in West Europe", Cahiers du CEREN, n° 17, 2007, ESC Dijon.
- Yves Evrard, Alain Busson et alii, Le management des entreprises artistiques et culturelles, Economica, 2000.
- Pierre François, Le monde de la musique ancienne. Socio-économie d'une innovation esthétique, Economica, 2005.
- Robert Lacombe, Le spectacle vivant en Europe, modèles d'organisation et politiques de soutien, La Documentation Française, Paris, 2004.
- Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Gallimard, 2006.
- J-M Schuster, "Neither Public nor Private : The Hybridation of Museums", Journal of Cultural Economics, Vol. 22, n° 2-3, 1998, p. 127-150.
- KEA, L'économie de la Culture en Europe, rapport commandité par la Commission européenne, Bruxelles, 2006.
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